L’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG) du Pas-de-Calais organise depuis 2019 une journée pédagogique mémorielle à destination des scolaires sur le thème des combattants en opérations extérieures.
L’édition 2022, le 20 octobre a Arras a été consacrée à la mémoire, comment « commémorer et transmettre la mémoire des OPEX ». Comment rendre hommage aux disparus ; ces « morts pour la France » qui laissent derrière eux des camarades et des familles endeuillées. Comment faire ce deuil, se reconstruire et entretenir la mémoire. Des témoignages de familles endeuillées et de présidents d’associations ont permis d’apporter un éclairage et de faire réfléchir les jeunes générations sur la nécessité de perpétuer cette mémoire.
Cette action s’est réalisée en partenariat avec l’ANOPEX, l’association De La Pierre A L’Olivier (DLPALO) et la Fédération du Mémorial de l’OTAN et avec le soutien de la ville d’Arras, de la DMD62 et d’Unéo.
En présence de 200 élèves du lycée Gambetta d’Arras, des collèges Jean Moulin de Barlin et André Canivez de Douai.
Après une présentation du programme par Mme Fanny Bourdet, directrice de l’ONACVG62, M. Nassim Amajoud, représentant le Maire d’Arras, le président de l’ANOPEX et le DMD62 ont prononcé un mot d’accueil.
La parole a ensuite été donnée à Pascale Lumineau et Aude Le Page pour apporter des témoignages chargés d’émotion.
Puis Jean-Pierre Pakula a expliqué comment l’hommage national était rendu aux militaires morts pour la France.
Il s’est ensuite fait le porte-parole de Willy Breton pour dire comment agir pour la mémoire
Pascale Lumineau présidente de l’association « de la Pierre à l’Olivier » qu’elle a créée en mars 2014 a d’abord témoigné suite au décès de son fils, le maréchal des logis-chef Pierre-Olivier Lumineau, mort pour la France en Afghanistan le 9 juin 2012 (40ème RA).
L’association a pour but de regrouper les parents et les familles de soldats morts pour la France afin de s’entraider, de défendre leurs droits et pour faire vivre la mémoire des soldats disparus.
Elle témoigne régulièrement au sein des écoles militaires afin de sensibiliser l’institution.
Sans autre moyen que sa détermination, elle organise des groupes de parole partout où cela est possible.
« La tâche est ardue et longue mais je m’accroche au nom de tous ceux qui sont partis. Ils me poussent à aller vers toutes ces personnes qui comme moi se retrouvent esseulées et dans leurs chagrins »
Elle est également l’auteur d’un recueil de poèmes intitulé « une vie sans toi, mon fils, mon soldat ».
Aude Le Page est l’épouse du maître principal Loïc Le Page mort pour la France en Afghanistan le 4 mars 2006.
Elle avait alors deux enfants âgés de 11 mois et deux ans.
Une présence vivante, toujours : « Se refuser de parler de l’être cher, ce serait l’oublier, ne pas le faire vivre, et avoir peur de ses émotions », analyse Aude Le Page.
Le chemin de la sérénité a été long, souvent difficile, mais c’est notre chemin de vie à nous ».
ll y a eu, aussi, cette « seconde famille » des Fusco, qui les a « choyés », entourés, accompagnés et a proposé un emploi à Aude, au sein de la base, à Lanester. « J’aime y travailler, côtoyer ceux qui ont connu Loïc.
Depuis que le deuil s’est fait, je n’ai plus la gorge qui se serre et les larmes qui montent, alors tout ce qui parle de lui m’est doux ».
Elle se souvient de ce 4 janvier 2006, lorsqu’il a quitté la maison pour cette mission dont il n’est pas revenu.
« Il me faisait coucou, depuis notre petite voiture. Cette image me reste en tête.
Peu de temps avant, il m’avait dit : tu sais, s’il m’arrive quelque chose là-bas, je ne reculerai pas, j’irai jusqu’au bout.
C’était ça, Loïc, il regardait droit devant ».
Il existe un « plan Hommage » qui illustre cette volonté de manifester la solidarité de la Nation à l’égard des sacrifices consentis par les filles et fils de France, qui sont tombés pour la protéger et défendre ses intérêts.
Il permet de rendre les honneurs aux militaires tués lors d’une mission opérationnelle, mais aussi d’apporter le soutien nécessaire sur les plans matériel, financier et humain, à leurs familles et à leurs proches.
Lorsque l’hommage national est rendu, en France, tous les frères d’arme de l’unité du disparu ne peuvent être associés.
Pour ceux encore engagés en opération, bien souvent, une cérémonie est organisée sur le théâtre avant que les corps ne soient rapatriés. Cela permet d’initier le travail de deuil, individuel et collectif, alors que la mission se poursuit. Enfin, la communauté militaire tout entière s’associe à cet hommage national en mettant en berne les drapeaux.
Dès le retour en métropole, depuis 2011, la Nation leur rend hommage le jour de la cérémonie aux Invalides lors du passage du cortège funéraire sur le Pont Alexandre III avant que les derniers honneurs n’aient lieu dans le régiment.
Enfin le 11 novembre 2019, le Président de la République a inauguré à Paris15ème, dans le jardin Eugénie Djendi du Parc André Citroën, le monument aux morts pour la France en opérations extérieures.
Ce monument qui est le 10ème haut lieu de la mémoire nationale a relancé l’hommage pour toutes celles et ceux qui, depuis 1963, ont reçu la mort pour la défense de la France, et pour toutes celles et ceux aussi qui continueront encore de la recevoir dans les années à venir.
Ce même jour une plaque OPEX a été dévoilée sous l’Arc de Triomphe.
Willy Breton, a servi dans la Gendarmerie nationale.
Il rentre de sa troisième opération extérieure en 2010, avec la volonté d’honorer la mémoire de deux militaires tués au combat durant sa mission en Afghanistan.
Il décide alors de faire tout ce qu’il pourra pour faire vivre le souvenir de ses camarades décédés.
L’idée lui vient de créer un mémorial dédié à la mémoire des soldats (militaires, policiers et gendarmes) qui ont sacrifié leur vie au service de l’OTAN et décide de leur offrir sur ses deniers personnels.
Le Mémorial de l’OTAN a été inauguré le 25 février 2012, en présence des familles de ceux qui ont péri ou qui ont été blessés en OPEX, des représentants nationaux, des ambassades ainsi que des militaires des pays de l’OTAN.
Il est implanté sur la commune de FRETHUN (62).
Le Mémorial de l’OTAN a pour but d’honorer la mémoire des soldats (militaires, policiers et gendarmes) qui ont fait le sacrifice de leur vie au service de l’OTAN, et il permet à des familles, amis et sympathisants de se recueillir et de se souvenir.
Une cérémonie internationale y est organisée chaque deuxième samedi de septembre.
Il a été ensuite remis la médaille nationale de reconnaissance aux victimes du terrorisme à Mme Annick Levaast et à M. Jean-Pierre Levaast sœur et frère du parachutiste Patrick Levaast du 1er RCP, mort pour la France au Liban le 23 octobre 1983 au Drakkar, par le directeur de cabinet du Préfet du Pas-de-Calais.
Auparavant le président de l’ANOPEX a rendu hommage au parachutiste Patrick Levaast avant que le directeur de cabinet resitue le contexte de la présence militaire française au Liban.
La journée s’est poursuivie par une cérémonie au monument aux morts avec :
– un appel des noms des militaires du Pas-de-Calais morts en opérations extérieures par des élèves du collège Jean Moulin de Barlin, en y associant Loïc Le Page et Pierre-Olivier Lumineau,
– la lecture du poème « mémoire et espérance » de Paul Athanase ,
– la lecture par un élève d’un poème écrit par Pascale Lumineau le 9 juin 2015.
Les élèves, familles et autorités ont ensuite déposé des gerbes avant de saluer les porte-drapeaux.
Dans ce diaporama la cérémonie avec les 21 noms des militaires du Pas-de-Calais morts en OPEX et les textes lus par les élèves.
Merci au Lcl (RC) Damien Patou V/P de l’ANMONM62 qui l’a réalisé.
Rendez vous est déjà pris pour le 10 octobre 2023 à Béthune avec pour thème : le Liban et le 40ème anniversaire du Drakkar.