« Un peuple qui oublie son passé, n’a pas d’avenir. » Winston Churchill
L’organisateur, Monsieur Xavier Kompa, Directeur départemental de l’Office National des Anciens Combattants – Veuves et Victimes de Guerre, débuta ainsi la présentation de Lili Keller Leignel-Rosenberg.
Cette merveilleuse Dame a fêté ses 90 ans en septembre.
A Beynat, lundi 12 décembre 2022, elle stupéfia et enthousiasma des dizaines d’élèves venus de trois collèges ainsi que leurs professeurs et autres visiteurs du jour.
Elle témoigna sur sa vision de l’horreur confrontée à la Shoah et sa survie de déportée dans les camps de concentration de Ravensbrück puis Bergen-Belsen.
Elle vivait à Tourcoing, à onze ans, le 27 octobre 1943, jour d’anniversaire de sa maman, Charlotte, son papa, Joseph, ses petits frères, Robert, 9 ans et André, 3 ans, furent arrêtés avec violence à leur domicile.
La famille, d’origine Juive-Hongroise, réfugiée en France, fut convoyée en wagons à bestiaux vers Bruxelles puis l’Allemagne. Joseph périt à Buchenwald, deux jours avant la libération de son camp.
Les enfants et la maman, apprirent en 1945, son décès, par des amis.
Les odeurs pestilentielles, les images de terreur, des morts, les souffrances du froid, de la faim, des coups distribués par leurs gardiens bourreaux, les morsures des chiens furieux et dressés pour attaquer les prisonniers, sont décrits dans l’effroi. Charlotte souffrant d’une forme de typhus grave, fut séparée de ses enfants.
Demeurés seuls et désemparés, ils auraient préféré mourir plutôt que de poursuivre dans ses conditions épouvantables. A leur retour en France, les déportés survivants, se trouvèrent tous confrontés à l’incompréhension, heurtés par les refus de croire à leurs témoignages…La maman, ne pesant plus que 27 Kg, surgit à Hendaye où ses trois descendants étaient hébergés dans un préventorium, une institution pour patients infectés du bacille de la tuberculose.
Dans ce gymnase non chauffé, la buée apparaissait sur les verres des lunettes, nombreux enfants ou adultes, sensibles à l’énergie déployée par Lili et l’historique de sa triste période de son existence relatée, démontraient leur émotion, gorges nouées. Les questions ont fusé, ses réponses baignaient de sérénité.
« Depuis 40 années, je consacre ma vie à témoigner auprès des jeunes afin que jamais ne se reproduisent les affres de la Guerre. Je suis votre visiteuse, les enfants, devenez mes passeurs, par votre travail de Mémoire car une fois disparus, nous, les derniers déportés, il vous appartiendra de nous relayer. Soyez toujours vigilants, courageux, sages et tolérants ! » Lili, a côtoyé dans son baraquement, de célèbres compagnes d’infortunes : Anne Frank, Simone Veil et Geneviève De Gaulle-Anthonioz, nièce du Général.
Après deux heures, debout sur l’estrade, sans cesser de parler au micro, hormis le temps de questionnements, cette admirable « Reine », coquette (même en enfer, sa maman exigeait propreté et tenue soignée) s’est alors, assise. Son jeune public touché en plein cœur, a tenu à l’entourer de leur compassion mais aussi de tout leur amour, les selfies ont crépité…Mille fois merci !